Alors que le pouvoir d’achat des Français est mis à rude épreuve par l’inflation, une pratique troublante prend de l’ampleur dans l’Hexagone. Selon une récente étude YouGov, un quart des assurés reconnaissent avoir volontairement gonflé le montant d’un sinistre pour obtenir une meilleure indemnisation. Cette tendance inquiétante soulève des questions sur notre rapport à l’assurance habitation et les conséquences potentiellement graves de ces petits arrangements avec la vérité.
Les motivations derrière la fraude
Face aux franchises toujours plus élevées et au sentiment de payer « pour rien », de nombreux Français cherchent à « rentabiliser » leur contrat d’assurance habitation. L’étude YouGov révèle que 37% des personnes ayant exagéré un sinistre justifient leur geste par un sentiment d’injustice vis-à-vis des cotisations versées pendant des années.
« Nous observons une forme de déculpabilisation collective face à ces pratiques », explique Marie Levrant, analyste chez YouGov. « Pour beaucoup d’assurés, surfacturer un dégât des eaux ou ajouter quelques objets fictifs à une déclaration de cambriolage est perçu comme une simple compensation pour des années de cotisations sans sinistre. »
L’inflation joue également un rôle déterminant dans cette tendance. Avec des prix qui flambent, 42% des fraudeurs admettent avoir exagéré leur déclaration pour « compenser la hausse du coût de la vie ». Un phénomène particulièrement marqué chez les 25-34 ans, dont 31% reconnaissent avoir déjà eu recours à cette pratique.
La simplicité apparente de la fraude encourage également le passage à l’acte. Sans inspection systématique pour les petits sinistres, beaucoup pensent pouvoir facilement échapper aux contrôles. Une illusion dangereuse, comme nous allons le voir.
Risques et conséquences légales
Ce que beaucoup ignorent, c’est que la fraude à l’assurance constitue un délit passible de sanctions sévères. L’article L.113-8 du Code des assurances prévoit la nullité du contrat en cas de fausse déclaration intentionnelle, sans parler des poursuites pénales potentielles.
« Les assureurs disposent aujourd’hui d’outils sophistiqués pour détecter les anomalies dans les déclarations », avertit Maître Sophie Delorme, avocate spécialisée en droit des assurances. « L’intelligence artificielle permet désormais d’identifier des schémas suspects que l’œil humain pourrait manquer. »
Les conséquences peuvent être dramatiques pour les fraudeurs découverts. Non seulement ils risquent la résiliation immédiate de leur contrat, mais ils peuvent également être fichés au ALFA (Agence pour la Lutte contre la Fraude à l’Assurance), rendant extrêmement difficile la souscription d’un nouveau contrat. Dans les cas les plus graves, la peine peut aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende.
La Fédération Française de l’Assurance estime que la fraude coûte annuellement 2,5 milliards d’euros au secteur, un montant qui se répercute inévitablement sur les cotisations de tous les assurés.
La fraude n’est jamais sans risque.
Les contrôles sont plus sophistiqués qu’il n’y paraît.
L’honnêteté reste la meilleure politique.
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